Corps : Se réconcilier avec son corps

Vivre en harmonie avec son corps, qui d’entre nous n’en rêve pas ?

Notre corps est notre allié, nous rêvons de vivre en harmonie avec lui. Pourtant, rares sont ceux qui y parviennent sur le long terme. Nous connaissons tous des états de grâce, suivis de pics d’insatisfaction, voire de rejet ou d’abandon pour faire référence aux 5 blessures de Lise Bourbeau.

Qu’est réellement notre corps ?

Chef-d’oeuvre ou prison, accessoire ou objet de culte, le statut que nous donnons à notre corps oscille souvent entre les extrêmes. Comment parvenir à établir un traité de paix un peu durable avec ce compagnon à la fois étranger et intime ?

” La nature m’enseigne aussi par ces sentiments de douleur, de faim, de soif, que je ne suis pas seulement logé dans mon corps, ainsi qu’un pilote en son navire, mais outre cela, que je lui suis conjoint très étroitement et tellement confondu et mêlé, que je compose comme un seul tout avec lui “, écrivait Descartes dans Méditations métaphysiques (Hatier, 2000).

Nous sommes un corps autant que nous avons un corps. Il est totalement nous – sans notre corps, nous ne serions pas – et, en même temps, un objet que nous pouvons observer, évaluer et sur lequel nous pouvons agir.

Un corps aux multiples facettes

Oublié quand il nous permet de vivre facilement notre quotidien, sujet d’inquiétude lorsque ses fonctions vitales sont enrayées, complice joyeux dans le plaisir, adversaire quand son apparence va à l’encontre de l’image que nous aimerions renvoyer, notre corps jouit d’un statut qui varie au gré des circonstances. Notre relation à lui est d’autant plus compliquée que l’on n’est plus forcé aujourd’hui de se résigner au corps que l’on a.

Modifier par la chirurgie esthétique ou les régimes ce qui est source de gêne ou de souffrance, travailler en thérapie sur les causes de notre malaise sont à la portée de – presque – tous. Mais, revers de la médaille, ces outils de libération peuvent aussi être des ferments de culpabilité. Car le discours volontariste sur le corps – « Je peux le transformer si je le veux » – renforce chez ceux qui me rencontrent la croyance selon laquelle nous ressemblons à ce que nous sommes. Exigeant ou laxiste, dynamique ou paresseux.

Du corps au désir d’un corps

On a toujours jugé les gens sur leur apparence. Notre corps fait fonction de carte de visite, de brevet de bonne ou de mauvaise conduite. Pour le sociologue David Le Breton, sociologue et anthropologue, « le corps n’est plus l’incarnation irréductible de soi mais une construction personnelle, un objet manipulable, susceptible de maintes métamorphoses selon les désirs de l’individu ».

Des désirs façonnés par la culture qui prône sa libération tout en imposant des normes drastiques. « S’il existe un corps libéré, écrit-il encore, c’est un corps jeune, beau, physiquement irréprochable. » D’où ce risque croissant d’insatisfaction, de mépris, de dégoût de soi qui creusent toujours plus le fossé entre ce que nous sommes et ce que nous aimerions être.

Se réconcilier

Dès lors, nous réconcilier avec notre corps nous amène à faire montre envers lui, donc envers nous, à la fois d’indulgence et d’exigence. Indulgence pour l’accepter tel qu’il est, exigence pour modifier ce qui nous déplaît.

Le discours sur la beauté intérieure a trouvé ses limites. On sait la souffrance d’un corps blessé par le regard de l’autre et par d’incessantes autocritiques. Aller sans crainte vers les autres exige que l’on puise en soi et dans son reflet suffisamment d’assurance. Mais on sait également que porter nos efforts uniquement sur la transformation extérieure ne fait que différer un face-à-face douloureux avec soi.

Pour le maître spirituel bouddhiste indien Swâmi Prajnânpad, la sagesse consiste en « une acceptation joyeuse de la réalité ». A ses disciples, il lançait : « Ce que vous êtes, vous l’êtes ! Acceptez-le avec tout votre être et pas seulement intellectuellement. »

Il ne s’agit plus là d’une résignation fataliste, mais de l’acceptation de notre imperfection et de la conscience de notre précieuse singularité.

Accepter son corps, c’est reconnaître en lui un héritage familial, une histoire et un parcours uniques.

Se réconcilier avec lui, c’est affirmer notre autonomie et retrouver notre unité.

Notre temple, notre véhicule, notre allié.

Un texte sublime de Jacques Salomé sur le corps

” Bonjour mon corps,

C’est à toi que je veux dire aujourd’hui combien je te remercie de m’avoir accompagnée si longtemps sur les chemins de ma vie.

Je ne t’ai pas accordé l’intérêt, l’affection ou plus simplement le respect que tu mérites. 
Souvent, je t’ai même maltraité, matraqué de reproches violents, ignoré par des regards indifférents, rejeté avec des silences pleins de doutes.

Tu es le compagnon dont j’ai le plus abusé, que j’ai le plus trahi.

Et aujourd’hui, au mi-temps de ma vie, un peu émue, je te redécouvre avec tes cicatrices secrètes, avec tes lassitudes, avec tes émerveillements et tes possibilités.

Je me surprends à t’aimer, mon corps, avec des envies de te câliner, de te choyer ou te donner du bon.

J’ai envie de te faire des cadeaux uniques, de dessiner des fleurs et des rivières sur ta peau, de t’offrir du Mozart, de te donner les rayons du soleil et de t’introduire aux rêves des étoiles.

Tout cela à la fois dans l’abondance et le plaisir.

Mon corps, je te suis fidèle.

Oh, non pas malgré moi, mais dans l’acceptation profonde de ton amour.

Oui, j’ai découvert que tu m’aimais, mon corps.

Que tu prenais soins de moi, que tu respectais ma présence.

Combien de violences as-tu affrontées pour me laisser naître, pour me laisser être, pour me laisser grandir avec toi !

Combien d’accidents as-tu traversé pour me sauver la vie !

Mon corps, maintenant que je t’ai rencontré, je ne te lâcherai plus.

Nous irons jusqu’au bout de notre vie commune.

Et quoi qu’il arrive, nous vieillirons ensemble. “

Alors, plus que jamais, prenez soin de vous et de votre corps !

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