Nouvelles Technologies et Santé

Académie nationale de MédecineCap Santé Entreprise

“Nouvelles Technologies et Santé”

4ème Colloque à l’Académie Nationale de médecine

Jeudi 16 novembre 2017 organisé par Cap Santé Entreprise

www.capsan.org

Un grand remerciement aux administrateurs de l’Académie nationale de médecine et aux intervenants présents :

Etaient présents au colloque “Nouvelles Technologies et Santé” :

M. le Professeur Jacques ROUËSSÉ, Administrateur de l’Académie nationale de médecine, Trésorier, Administrateur chez Cap Santé Entreprise,

Mme Christine VANPÉ et M. Claude CHAUMEIL, Co-Président(e) de Cap Santé Entreprise,

M. Eric SALAT, Patient-expert, Co-directeur D.U Démocratie en Santé. Université Pierre et Marie Curie, Paris,

M. Jean-Philippe VANPÉ, Architecture de système d’information,

Dr Line KLEINEBREIL, Vice-Présidente de l’Université Numérique francophone mondiale, Consultante OMS,

M. Xavier BRACQUART et M. Augustin LAVILLE, SEPEFREI – M. Xavier CALLENS, Agile; Administrateur chez Cap Santé Entreprise,

Mme Sylvie DONNASSON-EUDES, CEO HEALTHINNOV; Auteur de “Le Big data dans la Santé : réalités et perspectives en France”,

Mme Patricia RIGAUD, Présidente de Net Cancer,

M. Andréas TOPP, Directeur human’IT – the Efrei group Fund,

M. Arnaud JOUBAIRE, Consultant formateur chez Cap Santé Entreprise,

M. Stanislas REGNIAULT et Mme Marie-José BERNARD sans qui l’organisation de ce colloque n’aurait pu avoir lieu.

Synthèse des interventions

Suite à cette matinée particulièrement dense et compte tenu du sujet d’actualité croissante, je vous présente une synthèse des interventions effectuées :

1. Tout d’abord, M. Eric SALAT a placé le sujet sur la Révolution numérique en santé en dénonçant les menaces mais également en mettant en avant les opportunités qu’elle présente. J’ai notamment retenu au-delà des chiffres impressionnants et incontournables que si l’on peut s’orienter sur une circularisation plus rapide de l’information entre les professionnels de santé et les professionnels du médico-social et du social, cette réforme peut avoir des conséquences sur le respect du secret professionnel. Il y a bien sur un cadre légal conditionnant ces échanges d’informations, mais ne pouvant tout prévoir, quid du « hors cadre » ? Si l’on perçoit les avantages pour les patients de ces échanges, ils n’ont toutefois pas la maîtrise de ces échanges, qui, par manque de sécurisation peuvent être utilisés de façon malveillante. L’encadrement juridique concernant la sécurité de ces dispositifs d’échanges par voie numérique doit donc être constants et il appartient à la communauté scientifique de s’en faire les porteurs.

2. Pour corroborer ce problème de sécurité, M. Jean-Philippe VANPÉ nous a exposé quelques exemples tirés de l’utilisation d’un outil connu de tous mais non pas forcément maîtrisé par tous : le « Cloud » Après en avoir exposé les nombreux avantages : rapidité, flexibilité, adaptabilité, évolutivité, etc,   et montré l’architecture d’un hébergement regroupant toutes les données de PC, smartphone, tablettes et tous autres objets, nous avons compris que seuls un certain nombre d’hébergeurs agréés sont habilités à stocker des données de santé afin d’en assurer la sécurisation d’accès. Quid de ceux qui n’y ont pas recours ? Par ailleurs le Règlement Général Européen a prévu des sanctions lourdes en cas d’incident de sécurité. Mais le plus gros danger reste l’homme, interface entre la chaise et le clavier responsable de près d’un tiers des problèmes de sécurité. Donc il faut suivre les recommandations jamais assez répétées de vérification des informations données, savoir à qui on les communique, comment, la manière dont on les utilise, etc…

3. Opportunités et menaces, stockage et hébergement sécurisé, le Dr Line KLEINEBREIL nous a alors exposé au travers d’un exemple de programme “Be He@thy Be Mobile” comment un outil connectable le mobile, pouvait être utilisé pour prévenir et contrôler les maladies chroniques. Ceci en s’appuyant sur une application de la « Santé Mobile » programme initié conjointement par l’OMS et ITU, commencée par 8 pays et en phase de déploiement sur 16 autres et à l’étude sur 45 autres. Au-delà des risques liés à l’évolution technologique, on voit sur ce type de projet les bénéfices qui peuvent en être tirés, notamment sur les facteurs de risques communs : diabète, cardio, respiratoires, cancer. Et les impacts apportés tant au niveau des connaissances patients que de leur confiance en eux sur la gestion de leur maladie (diabète), de sa prise en charge, et de son comportement face à sa pathologie.

4. Un autre exemple d’utilisation des nouvelles technologies nous a été exposé ensuite par M. Xavier BRACQUART et M. Augustin LAVILLE, de l’EFREI appuyés par M. Xavierr CALLENS (société OMNILOG), en démontrant comment un développement à l’attention des chercheurs (sociologues et psycho-sociologues de CAP SANTÉ ENTREPRISE) pouvait se combiner avec les besoins de l’entreprise et de ses salariés. Le projet CALISTA à destination des partenaires de CAP SANTÉ ENTREPRISE permet ainsi de connaître en quasi temps réel le baromètre de satisfaction, de bien-être, de besoins exprimés par les salariés dans l’entreprise. La gouvernance peut ainsi en tirer les enseignements pour pouvoir améliorer ce bien-être avec les conséquences positives sur la productivité évidente qu’ils peuvent en tirer. Ces données pourront par la suite être exploitées par les sociologues et psycho-sociologues pour démontrer sur une cohorte importante et diversifiée, mais segmentable, l’impact de différentes actions sur le comportement social.

5. Des objets, des applications, oui mais quel est le bon mode d’emploi ? Au travers de sa présentation sur les réalités et perspectives en France, Mme Sylvie DONNASSON-EUDES nous a alors exposé l’usage des objets connectés en santé, permettant de Mesurer, de Suivre et de Progresser dans le bien-être en étant connecté de la tête au pied. Si le grand public est prêt face aux nombreuses sollicitations d’usages d’objets, les médecins le sont moins. Ce pourquoi les objets ayant une finalité médicale doivent se conformer à un certain nombre de règles. Le bénéfice : particuliers ou assureurs ? Le particulier : client ou produit ? Ces questions récurrentes se déduisent de la méfiance sur la sécurité des données personnelles qui interpelle 75% des français. Ce pourquoi le prochain défi relève de la certification des appareils et applications comme protection pour les consommateurs. Toutefois ceci se relativise en fonction des cas pour lesquels les objets connectés peuvent être une solution : personnes âgées, suivi de maladies chroniques. Ce qui fait l’objet d’une orientation vers un remboursement des DM.

6. Nous avons vu un projet OMS, une application pour les entreprises et leurs salariés, les objets pour le grand public, puis Mme Patricia RIGAUD nous a exposé le travail fait pour les professionnels de santé dans le domaine du cancer avec la plateforme NET CANCER, qui sera également prochainement à destination du grand public. Il s’agit ici de donner toute l’information médicale de façon claire, compréhensible, précise et surtout documentée et validée par des experts reconnus dans leur domaine. Cette information est également accompagnée de formation en e-learning pour que de façon rapide et circonstanciée des rappels puissent être opérés auprès des utilisateurs. Cette plateforme disposera également de newsletters annuelles indispensables dans un monde en évolution constante. Pour le grand public il s’agira de délivrer des informations utiles aux patients ou à leurs proches, de consultations aisées de fiches médicaments, de vidéos experts sur les environnements de la maladie etc.

7. Les écoles sont aussi présentes et M. Andréas TOPP de l’EFREI, tous les ans, demande à ses étudiants un projet de fin d’études qui peut porter sur des sujets de santé. C’est ainsi que pour cette année scolaire 2017/2018, il nous a été présenté des projets sociaux effectués par plusieurs équipes d’étudiants et portant sur les réseaux sociaux. Un projet sur la création d’un micro-réseau social pour faciliter le maintien à domicile des personnes âgées, un projet d’accompagnement physique adaptés aux pathologies des personnes et un projet d’accompagnement des malades par un réseau de communication.

8. Pour finir, M. Arnaud JOUBAIRE a exposé l’offre CAP SANTE ENTREPRISE et son souci d’efficacité pour accompagner les salariés atteints de maladie chroniques en activité professionnelle et leurs proches au travail pour une meilleure cohésion sociale dans l’entreprise et pour favoriser le maintien au travail des salariés fragilisés. A l’origine du projet CALISTA développé en fin de première partie, CAP SANTÉ ENTREPRISE veut, non seulement intervenir dans un présentiel auprès des salariés sous différentes formes, (ateliers, groupe de paroles, sensibilisations, formations, etc.) mais également utiliser l’ensemble des acteurs liés aux nouvelles technologies pour apporter une dimension moderne, incontournable et tourné vers le futur.

Conclusion personnelle

Arnaud Joubaire

Selon une étude de l’INED (Institut National des Etudes Démographiques), la population mondiale, qui a septuplé depuis 1800, pourrait se stabiliser entre 9 et 10 milliards d’ici un siècle. Le cap des 7 milliards d’hommes sera franchi entre fin octobre et début novembre 2017. Le précédent pallier, 6 milliards, avait été franchi il y a 12 ans, en 1999. Les spécialistes attendent maintenant un ralentissement de la croissance démographique et tablent sur le franchissement de la barre symbolique des 8 milliards en 2025. L’INED prévoit à plus long terme une stabilisation de la population mondiale entre 9 et 10 milliards à horizon 2100. Un chiffre légèrement plus bas que les prévisions de l’ONU.

Nous sommes donc 7 milliards d’êtres humains sur Terre. Et pas moins de 5 milliards d’entre nous posséderont un téléphone portable à la fin de l’année, selon une étude réalisée par l’Association mondiale des opérateurs (GSMA), publiée en octobre 2017. Soit près des trois quarts de la population mondiale.

Il est indéniable que nous sommes entrés dans l’ère de la digitalisation de la société et de la santé. Cette digitalisation est irréversible, elle présente à la fois des menaces mais également des opportunités. Face à la prolifération d’informations érronées sur internet notamment, les aspects de sécurité nécessitent une vigilence de chaque instant et un encadrement juridique assez stricte. Les applications professionnelles et/ou personnelles autour du bien-être et de la santé (frontière parfois difficile à définir), évoluent et sont de plus en plus présentes notamment au travers de plateformes, outils connectés et autres réseaux sociaux.

La question de notre dépendance et de notre autonomie face à ces outils connectés reste une réalité et une nécessité. Entre l’addiction aux outils connectés et la nécessité pour certains de se déconnecter au travers de sessions “Détox digital” il faudra arriver à trouver un juste équilibre entre nos moments de connexion externes à ces outils et nos moments de connexions internes à notre réalité personnelle.

Il y a plus de 20 ans, on m’avait dit que “La technologie devait être au service de l’Homme”. J’ai parfois l’impression que “l’Homme est devenu l’esclave de la technologie”. Les maladies chroniques ne cessent d’évoluer, le cancer est en augmentation constante, les chiffres sont alarmants : 1 Français sur 4 est atteint d’une maladie chronique, selon les prévisions, nous passersons prochainement à 1 sur 3. 1000 cas de cancer déclarés par jour, et les chiffres vont encore évoluer selon les prévisjons des spécialistes. On espère que les outils connectés amélioreront notre bien-être et notre santé. Nous posons nous réellement les bonnes questions ? Je l’espère…

Le défi de demain sera donc de savoir si “le digital sera au service de l’homme ou si l’homme sera au service du digital ?”

Arnaud Joubaire