Transition : Vivre une transition

Le Message Sérénité 9 – Vivre une transition

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Pourquoi aborder ce sujet ?

 2 raisons

1/ Car en tant qu’être humain, au cours de notre vie, nous vivons en permanence des transitions. En réalité, notre vie est une succession de changement et de transition

Mariage, séparation, maladie, burn out, déménagement, retraite, changement personnel ou familial, « positif ou négatif », « grand ou petit », un changement n’est pas un événement isolé.

La vie marquée par des grands tournants :

La transition entre le jeune enfant et l’adulte

La transition entre la dépendance et l’autonomie (un grand tournant qui peut aller de 18 ans à plus de 50 ans)

La transition au « milieu de vie »

La transition vers la vieillesse, la retraite

La transition de la maladie vers la santé

2/ Car notre société, notre monde, notre époque, notre civilisation est en train de vivre une transition

En ce moment, une crise économique et sociale est en cours…

Et le sujet est d’autant plus d’actualité pour certains…

Plan social, plan de départ volontaire, licenciement, tout cela risque de nécessiter pour un grand nombre, une réorientation professionnelle et personnelle…

La transition du mondialisme, du capitalisme vers l’écomanité ?

Aucun de ces tournants ne se négocie d’un seul coup.

Sommes-nous préparés ?

Non ! Car notre société aborde l’être humain comme un objet.

Notre modèle nous conçoit comme un produit avec une phase de production, d’utilisation, puis de mise au rebut.

Cette tendance à traiter l’homme comme une machine conduit à une grave incompréhension de la nature humaine.

En tant qu’être humain, nous avons des passages de vie, des crises prévisibles de l’âge adulte

Mieux les comprendre nous permet de mieux les vivre.

En réalité, tout être humain connaît deux grands basculements qui s’opèrent tout au long de notre vie.

Je parle souvent d’un temps de « construction » puis d’un temps de « déconstruction »

Le premier basculement marque la fin des vieilles dépendances et l’émergence d’un être social distinct.

Le deuxième basculement va au-delà de ce processus de séparation pour aborder une réalité plus complexe, marquée par un sentiment d’interdépendance.

La troisième phase de la vie se caractérise par un mélange de ces deux influences.

Nos expériences passées, dès la plus tendre enfance modèlent nos transitions ultérieures.

Un autre volet important est la construction d’une entité propre : on devient quelqu’un d’autre que simplement l’enfant de ses parents.

Qu’est-ce qu’un un adulte ?

Quelqu’un qui a construit sa propre structure psychique, indépendamment des codes extérieurs.

Les travaux du psychologue Erik Erikson ont éclairé ce processus de formation de l’identité. Carl Gustave Jung en a parlé également autour de son processus d’individuation.

« C’est la transition réussie qui assure le succès d’un changement, qu’il soit professionnel, personnel ou organisationnel » – Meryem Le Saget auteur du Manager Intuitif

Quelle différence entre une transition et un changement ?

Un changement est relié à un événement extérieur choisi ou subi. Il est souvent motivé par un objectif à atteindre ou par une douleur à éviter. Il peut se réaliser assez rapidement.

Si on change de mode de vie, c’est parce qu’on commence à chercher autre chose, parce que les vieilles habitudes ne conviennent plus, parce qu’intérieurement, on est devenu quelqu’un d’autre.

Une transition est un processus interne à traverser et à vivre pour intégrer émotionnellement et psychiquement le changement. La transition commence souvent par un renoncement.

Ce renoncement porte sur des choses qui ne sont plus adaptées à la nouvelle phase existentielle que l’on s’apprête à aborder.

Quelle que soit la chose à laquelle on doit renoncer, il s’agit toujours d’une réalité intérieure.

La transition elle-même débute par un renoncement moral à quelque chose que l’on a toujours cru ou supposé, à une vision de soi-même, à une façon d’être ou à une vision du monde ou des autres.

Elle prend du temps à s’accomplir.

Une transition génère une période de doute, d’adaptation et d’introspection, souvent difficile à vivre. Cette phase de « transition » est essentielle et peut constituer une réelle étape d’épanouissement dans notre vie. Plus qu’une crise c’est souvent une opportunité de réévaluation et d’évolution.

Des changements provoquent des transitions et inversement.

Les trois phases d’une transition

Meilleure illustration, meilleure image : Chenille qui mute en papillon…

Il y a des « petites » transitions et des « grandes » transitions. Les dizaines en sont l’exemple assez significatif. La quarantaine, dite « crise de milieu de vie » souvent la plus déroutante.

Mais on ne peut réduire nos vies à ces dizaines, ces phases dans nos vies. C’est un peu plus complexe et dépend de l’histoire de vie de chacun.

Les trois grandes phases d’une transition sont le deuil, la zone neutre et la renaissance.

Des grandes étapes communes dès le départ : une fin, suivie d’une période de confusion et de vide et de détresse conduisant à un nouveau départ pour un moment de vie qui retrouve sa lisibilité et son sens.

Des rites de passage qui existaient dans certaines sociétés traditionnelles et qui permettaient de structurer les transitions de la vie. Des cérémonies comportaient 3 phases : Séparation – transition et incorporation.

I. Renoncer

Toute transition commence par une fin

Pour pouvoir ouvrir un nouveau chapitre, il faut savoir refermer le précédent, y compris au plus profond de son âme, là où persiste l’attachement aux personnes et aux lieux qui nous définissaient.

Bien vivre une transition nécessite de s’interroger sur sa façon personnelle de gérer les fins.

Pour cela, réfléchissez aux grandes fins qui ont ponctué votre parcours. Remontez à votre prime enfance et remémorez-vous vos premières expériences de cet ordre. Notez toutes les fins auxquelles vous a été confronté.

Chacun d’entre nous développe une réaction-type face aux fins.

Le volet psychologique de cette réaction-type est un état d’esprit ou une humeur qui, comme l’air que l’on respire, peuvent devenir si habituels que l’on n’en a plus conscience.

Vous constaterez probablement que vous êtes replongé dans ce même état d’esprit chaque fois que vous êtes confronté à une fin.

Quelle que soit l’attitude que l’on adopte face aux fins, elles représentent la première phase de toute transition.

« Être en transition » – 4 règles

1/ Quelque chose nous ramène toujours vers nos activités précédentes…

2/ Tout changement ou toute transition commence par une fin

Pour pouvoir ouvrir un nouveau chapitre, il faut savoir refermer le précédent, y compris au plus profond de son âme, là où persiste l’attachement aux personnes et aux lieux qui nous définissaient.

3/ Même si nous avons intérêt à comprendre notre stratégie face aux fins, notre inconscient se battra comme un beau diable pour nous empêcher d’y voir clair.

4/ Entre la fin d’une phase et le début d’autre autre, il y a un important passage à vide.

C’est l’ordre des choses, comme les saisons.

« Ce que nous nommons le commencement est souvent la fin. Finir, c’est commencer. La fin est là, d’où nous partons… » – Thomas Stearns Eliot

Faire son deuil

Le changement peut se traduire également par un processus, souvent associé au processus de deuil d’Elisabeth Kubler Ross : Choc – Déni – Colère – Marchandage – Tristesse – Résignation – Acceptation – Reconstruction

Le deuil d’une transition est plus profond et constitué de plusieurs étapes de « déstructuration », comme celles que l’on peut vivre au travers d’un burn out.

Ce sont le désengagement, le démantèlement, la désidentification, le désenchantement et la désorientation.

Entre la fin d’une phase et le début d’une autre, il y a un important passage à vide.

Comme l’indique le nom hindou de cette phase de la vie, la transition consiste à se détourner des affaires du monde et à se retirer dans la solitude de la forêt pour réfléchir et étudier.

Nous devons accepter certains renoncements et c’est très difficile.

Renoncer vraiment, en son for intérieur, à une personne qui ne fait plus partie de sa vie depuis des années, à une vieille image de soi-même, à un rêve dépassé ou encore à une croyance n’ayant plus lieu d’être. Nous avançons plus facilement, une fois débarrassé de ces bagages affectifs.

Les principales caractéristiques de ces étapes

Désengagement : « Je quitte ce qui a compté pour moi ; les lieux, les relations, les cadres… »

Porte sur des réalités extérieures.

Un besoin d’être extrait de sa place habituelle dans l’ordre social, l’extraction de son rôle voire de ses rôles.

Le processus de transition s’ouvre par un désengagement qui nous extrait d’un univers affectif et social qui nous confère une identité. Se borne uniquement à nous priver de nos anciens repères et automatismes. Il ne modifie pas les fondements de la vie que l’on a construite à partir de ces repères et automatismes. Les habitudes ne s’enlèvent pas du jour au lendemain, elles doivent être soigneusement démantelées, pièce par pièce.

Démantèlement : « Je coupe les liens qui me reliaient à mon passé et je cesse les rôles et les comportements joués antérieurement… »

2 processus :

1/ Processus de deuil. Élisabeth Kubler-Ross.

2/ Processus de « réappropriation » : Cesser de penser en termes de « nous » pour penser en termes de « Je »

Désidentification : « Je me dépouille de mes étiquettes, des images qui m’étaient associées, je ne sais plus qui je suis… »

En rompant nos liens et en démantelant les structures internes, nous perdons également notre ancienne définition de nous-même. Nous perdons souvent un rôle qui nous détermine nos comportements et qui nous conférait une identité évidente. Cela peut-être une étiquette professionnelle, familiale. La plupart des êtres en transition ont le sentiment de ne plus savoir qui ils sont.

« Je ne suis pas ce que je devrais être et je ne suis pas ce que je vais être, mais je ne suis plus ce que j’étais » – Écriteau vu par Erik Erikson

Désenchantement : « Je suis prêt(e) à voir et à comprendre plus de choses… cela nécessite de désapprendre ce qui a été appris… »

Détaché de son ancienne identité et d’une partie de son ancienne vie, l’être se retrouve dans les limbes, à flotter entre deux mondes. Le désenchantement, c’est précisément se rendre compte que d’une certaine façon, l’ancien monde a cessé d’exister.

Un des premiers désenchantements de l’enfance : Le père Noël n’existe pas ! La vie est une longue succession de désenchantements.

« L’esprit est un verre qui doit être vidé avant de pouvoir accueillir un nouveau vin »

1er travail : Apprendre à désapprendre…

Leçon à tirer : si vous voulez vraiment changer, nous devons admettre qu’une part importante de notre ancienne réalité n’était qu’une vue de l’esprit.

Ex : le parent parfait, l’épouse idéale, l’ami toujours fidèle, enfin tous les rôles que nous jouons.

La bonne nouvelle : quand un désenchantement intervient, qu’il porte sur un point de détail ou un aspect primordial de notre existence, c’est le signe qu’une transition se prépare. C’est le signe que l’on est désormais disposé à voir et comprendre plus de choses.

Différence entre désenchanté et désillusionné ?

Un être désenchanté considère que son ancienne vision des choses a eu un intérêt par le passé, mais qu’elle ne suffit plus

Un être désillusionné reste fidèle à son ancienne vision des choses

L’être désenchanté tourne la page, alors que l’être désillusionné revit éternellement le même chapitre.

Désorientation : « Je n’ai plus de futur, je n’ai plus de repères, j’ai perdu le sens des choses, mes repères spatiaux et temporels, ma boussole interne et ma motivation… »

Renoncer à son ancienne réalité c’est perdre sa boussole intérieure. C’est le but recherché, pour reprendre l’expression du poète Robert Frost, nous nous trouvons « suffisamment perdu pour se retrouver ».

Même si cette désorientation paraît être une bonne chose, elle n’est pas facile à vivre, c’est un processus douloureux.

Pendant cette phase, la confusion et le sentiment de vacuité règnent en maître, et la vie quotidienne paraît irréelle.

Notre peur face à ce grand vide explique en partie notre résistance face aux transitions. Or, cette perspective peut réveiller nos vieilles blessures et nos fantasmes autour de l’abandon et de la mort.

Il n’y a pas d’ordre établi entre les cinq étapes, on peut les vivre simultanément. A noter, qu’il existe une relation systémique entre changement et transition.

II. La zone neutre

Au milieu, la zone neutre, un temps essentiel de réorientation.

« Atteindre le vide parfait, c’est se fixer fermement dans le repos »  « Pratiquer le Non-agir, c’est œuvrer dans l’inaction, goûter ce qui est sans saveur » – Lao Tseu / Tao Te King

Dans les civilisations anciennes, l’être humain en transition quittait son village pour un endroit inconnu de la forêt ou du désert.

Il y restait un certain temps, coupé des rapports sociaux, de l’identité et de la réalité qui l’avaient composé jusque-là. C’était une phase d’entre-deux au cours de laquelle le chaos fondateur à l’origine du monde recommençait.

C’est un espace-temps, vierge, où, peu à peu, on peut se découvrir une nouvelle identité.

« Le retour symbolique au chaos est indispensable à toute nouvelle Création » – Mircea Eliade

En ce sens, le chaos n’est pas simplement un grand désordre, mais l’état primaire d’énergie pure auquel l’individu (ou l’organisation, la société ou toute autre société en transition) doit retourner pour tout véritable nouveau départ.

Ce chaos peut faire peur, mais ce chaos n’est autre que la vie elle-même, non encore modelée par des objectifs et une identification.

Dans un premier temps, il ne faut pas chercher à sortir de l’ornière, mais à y entrer plus profondément. Il faut d’abord amplifier et intensifier l’expérience de la zone neutre pour pouvoir en sortir.

7 Conseils

1/ Admettez que vous avez besoin de la zone neutre

2/ Ménagez-vous des parenthèses régulières de solitude

3/ Tenez un journal de bord de vos expériences dans la zone neutre

4/ Écrivez votre autobiographie

5/ Profitez de l’occasion pour découvrir ce que vous voulez vraiment

6/ Consacrez quelques jours à effectuer votre rite de passage

7/ Faites une retraite

La zone neutre est l’occasion d’une réorientation interne. C’est la phase du processus de transition la plus négligée par notre moderne, au travers, notamment, de son dogme de croissance continue.

Nous oublions l’importance de la jachère, de l’hiver et des pauses en musique.

Nous avons cherché à réduire l’évolution personnelle à une simple question de réajustement, il en est tout autre.

Nos changements profonds se réalisent souvent dans cette zone neutre, là où l’on croit souvent qu’il se passe le moins de choses…

Les êtres créatifs se sont toujours retirés dans une sorte de terrier, grotte ou forêt à l’aube de leur renaissance. C’est ce qu’on appelle le schéma de « retraite-retour »

III. Un nouveau départ

Ce n’est qu’après le renoncement et une zone neutre qu’un être peut se renouveler, se réinventer.

Il doit d’abord avoir été changé et régénéré par la déconstruction des structures et points de vue de son ancienne vie et par le passage à vide de la zone neutre.

Cette réalité, cette vérité, va à l’encontre de notre culture mécaniste. Et c’est bien pour cela que le mal-être persiste dans nos sociétés.

On oublie souvent que la plupart des nouveaux départs sont indirects et discrets, alors qu’on s’imagine qu’ils prennent la forme de mesures conscientes et radicales.

« Toutes les entreprises humaines commencent dans le désordre » – John Galworthy (romancier)

Le nouveau départ se fait généralement dans un chaos créateur.

Pour réussir un changement, une transition, il est nécessaire de traverser ces 3 phases.

Une phase nécessaire pour faire advenir un être plus développé, plus éveillé, renaître à Soi, tout simplement.

Une renaissance vitale à son évolution, jusqu’à la prochaine mort.

Est-ce facile de vivre une transition ?

Non ! Il est extrêmement difficile de vivre une période de transition.

Pourtant, la phase d’isolement, de solitude me paraît indispensable.

Néanmoins, nombre de nos « problèmes » et de nos « rechutes » s’expliquent par des transitions antérieures mal vécues, refoulées ou trop rapides. Un temps de maturation est nécessaire et un accompagnement souvent nécessaire pour donner du sens au changement et à la transition intérieure profonde.

En effet, le risque est que quelque chose nous ramène toujours à nos activités précédentes.

La zone neutre est une phase extrêmement difficile. Chacun espère en sortir le plus rapidement possible, les uns pour se précipiter vers l’avenir, les autres pour revenir dans le passé.

Même si nous connaissons les processus, notre inconscient se battra pour nous empêcher d’y voir clair. Il y aura toujours des résistances au changement de la part de notre inconscient, des fidélités inconscientes qu’il faudra détecter afin de se donner les bonnes permissions.

Entre la fin d’une phase et la suivante, il y a toujours des passages à vide difficiles à surmonter ou à expliquer seul(e) car renoncer à une réalité intérieure est souvent compliquée.

C’est la raison pour laquelle les transitions sont souvent associées à un “voyage héroïque”.

Dans l’univers des héros grecs, Ulysse vient d’accomplir un tour de force unique : renoncer à son identité.

« Une forêt qui pousse fait moins de bruit que la chute d’un arbre »

Conclusion

Au niveau personnel :

Quelques soient les changements, choisis ou subis :

Les changements dans nos rapports aux autres /Les changements dans notre vie familiale / Les changements personnels / Les changements professionnels et financiers

Notre capacité à trouver de nouveaux équilibres est notre force.

2 questions

A quoi le temps est-il venu de renoncer ?

Qu’est-ce qui, en coulisses de votre vie, attend de faire son entrée en scène ?

Une nouvelle vie n’est possible sans la mort de l’ancienne.

Pour obtenir ce que l’on souhaite, il faut d’abord savoir renoncer à certaines choses.

« L’homme est grand, non par ses buts, mais par ses transitions » – Ralph Waldo Emerson

Au niveau mondial :

Cette importante transition, que l’humanité est en train de vivre, que l’occident n’a su ni nommer, ni conceptualiser, ni expliquer, ni nous y préparer, est ainsi décrite par l’historien des religions Huston Smith :

« Le temps est venu pour l’individu d’entreprendre sa véritable éducation d’adulte, de découvrir qui il est et le sens de la vie. Quel est le secret de ce « je » qu’il a fréquenté si intimement toute ces années, mais qui reste un étranger ? Qu’est-ce qui se cache derrière la façade du monde, l’animant, l’ordonnant – et dans quel but ? »

Deux livres référence sur la transition

Transitions de Vie – William Bridges

Le voyage du héros – Joseph Campbell

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Coaching et transitions de Vie

Le voyage du héros

Langage de l’inconscient

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Réinventer sa vie