Philosophie : Une quête du bonheur ?

Philosophie : une quête du bonheur ?

La philosophie nous a enseigné et nous enseigne encore beaucoup de choses pour notre époque, petit retour sur les principes fondamentaux.

« Il faut méditer sur ce qui procure le bonheur, puisque, lui présent, nous avons tout, et lui absent, nous faisons tout pour l’avoir. » – Epicure (342-270 av. J.-C)

Bouddha, Lao Tseu, Confucius, Pythagore, Héraclite, Parménide, Socrate, Platon, Aristote, Epicure et plus récemment, Montaigne ou Spinoza; toutes ces personnes ont été de leur temps, des philosophes, des figures inspirantes en quête d’une philosophie du bien-être, du bonheur et de sagesse.

Chacun nous a amené à réfléchir sur la quête d’une voie pour améliorer sa vie, une quête vers davantage de bonheur et de plénitude. Cette quête ne peut pas être conceptualisée ni formalisée car c’est une expérience. C’est une expérience individuelle qui consiste à réfléchir sur sa vie, à travailler sur soi, à faire les choix les plus judicieux, à modifier nos pensées, nos croyances et progressivement à modifier les représentations que nous nous faisons de nous-même et du monde.

« Il est difficile de savoir si le bonheur est une chose qui peut s’apprendre, ou s’il s’acquiert par l’habitude ou quelque autre exercice, ou si enfin il nous échoit en partage par une certaine faveur divine ou même par le hasard. » – Aristote (384-322 av. J.-C)

La philosophie : une approche de sagesse

Le mot philosophie vient du grec ancien signifiant l’amour de la sagesse. C’est une discipline consistant à une réflexion et à une interprétation du monde et de l’Homme, c’est donc un exercice de la pensée et de la réflexion, un travail critique, par les concepts notamment. Les principales activités de la philosophie concernent de nombreuses branches dont la métaphysique, la religion, la politique, la logique… Le but est de rechercher la « vérité », de méditer sur le bien et le beau, le sens de la vie et du bonheur.

« La philosophie est une activité qui, par des discours et des raisonnements, nous procure la vie heureuse » – Epicure (342-270 av. J.-C)

Histoire de la philosophie

La philosophie et les philosophes existent depuis des siècles. Quatre approches se sont succédées/complétées : La philosophie grecque antique, médiévale, moderne et contemporaine. Montaigne (1533-1592) et Spinoza (1632-1677) ont été les précurseurs d’une quête philosophique moderne du bonheur. Le XVIII siècle, celui des Lumières, voit proliférer les traités sur le même sujet. La « recherche du bonheur » est même inscrite dans la Déclaration d’indépendance américaine (1776) comme un droit inaliénable de l’être humain

Le bonheur, un caractère éminemment relatif

Le bonheur varie selon les cultures, les individus et, pour chacun, selon les phases de la vie. Souvent, il prend le visage de ce que nous n’avons pas. Il n’existe pas de « recette » du bonheur valable pour tous. La communauté scientifique préfère parler de « bien-être subjectif ». A titre individuel, j’emploie très peu le mot bonheur, je lui préfère le mot bien-être ou encore plénitude.

« Notre bonheur dépend de ce que nous sommes, de notre individualité, alors qu’en général on ne prend en compte que notre destin et ce que nous avons » – Schopenhauer (1788-1860)

Aimer la vie qu’on mène avec les philosophes et la philosophie

Pour les philosophies, le bonheur n’est pas une émotion passagère (agréable ou désagréable), mais un état qu’il faut envisager dans une certaine globalité et sur une certaine durée. Il s’agit de trouver un certain équilibre entre nos diverses aspirations, une certaine stabilité dans nos sentiments, nos émotions, une certaine satisfaction dans ses domaines les plus importants qu’ils soient d’ordre physique, affectif, professionnel, intellectuel, social, spirituel… En somme, c’est une invitation à nommer nos émotions, nos besoins et à poser des actes en conscience pour les nourrir. Les sages nous inviteront plutôt à une quête de l’absolue en chacun de nous et la recherche de sérénité intérieure.

« Il n’est pas de condition humaine, pour humble ou misérable qu’elle soit, qui n’ait quotidiennement la proposition du bonheur : pour l’atteindre, rien n’est nécessaire que soi-même » – Jean Giono (1895-1970)

Quiétude de l’âme

Au fur et à mesure des siècles les philosophes se sont employés à décoder les principes du bonheur. Aristote et Epicure nous ont proposé un jardin de plaisirs, et en même temps ont prôné une éthique de la modération, la « sobriété heureuse » de Pierre Rahbi, consistant à fuir la débauche et la quête de jouissance pour rechercher en tout la santé du corps et la paix de l’âme. Le bonheur épicurien se concrétise dans ce qu’ils appellent « l’ataraxie », la quiétude absolue de l’âme. Ce que prônent Aristote comme Epicure, c’est une qualité et un juste équilibre des plaisirs, « Un esprit sain dans un corps sain ». Cet équilibre passe par des exercices physiques quotidiens, par une alimentation savoureuse et mesurée, par une attention à la respiration. Chez Aristote comme chez Epicure convergent ainsi l’hêdonê (recherche du plaisir) et l’eudaimonia (recherche du bonheur). Néanmoins, il est nécessaire d’être vigilent à ne pas rechercher absolument le bonheur sans quoi cette injonction permanente pourrait être contre productive. Comme Alexandre Jollien nous le recommande très justement dans son traité pour l’abandon, apprenons à lâcher prise sur le lâcher prise et apprenons à nous abandonner à ce qui est.

Donner du sens à sa vie

Être heureux, c’est apprendre à choisir, non seulement les plaisirs appropriés, mais aussi sa voie, son métier, sa manière de vivre et d’aimer, et ce d’une façon totalement autonome. Choisir ses loisirs, ses amis, les valeurs sur lesquelles fonder sa vie est essentiel à cette quête. C’est aussi apprendre à hiérarchiser ses priorités. L’exercice de la philosophie, donc de la raison, permet une mise en cohérence de notre vie en fonction des valeurs ou des buts que nous poursuivons. Nous choisissons de satisfaire tel plaisir ou de renoncer à tel autre parce que nous donnons un sens à notre vie – et ce, aux deux acceptions du terme : Nous lui donnons à la fois une direction et une signification.

« Le désir de bonheur est essentiel à l’homme; il est le mobile de tous  nos actes. La chose au monde la plus vénérable, la plus entendue, la plus éclaircie, la plus constante, c’est non seulement qu’on veut être heureux, mais qu’on ne veut être que cela. C’est à quoi nous force notre nature » – Augustin d’Hippone, ou saint Augustin (354 – 430)

Philosophie et actions

La philosophie ne consiste pas seulement en la recherche de réflexion mais nous invite également à l’action. La recherche de sens se traduit concrètement par un engagement dans l’action et dans les relations affectives. Qu’on atteigne ou non ses buts n’est pas l’essentiel. Nous n’allons pas attendre d’avoir atteint tous nos objectifs pour commencer à être heureux ! La voie compte plus que le but : le bonheur vient en cheminant… Le voyage nous rend d’autant plus heureux que la destination vers laquelle nous allons est identifiée et qu’elle répond aux aspirations les plus profondes de notre être, de notre âme

Sénèque nous rappelle que « Pendant que l’on attend de vivre, la vie passe », alors n’attendons plus pour cheminer vers nous et poser des actes en conscience… afin de ne rien regretter au moment de notre mort. Il est parfois difficile d’agir pour certains, en raison d’une attente de perfection, mais rappelez vous que la philosophie nous enseigne que ce que l’on cherche n’est pas la perfection mais la plénitude.

« Il ne s’agit pas d’atteindre la perfection mais la totalité » – C.G. Jung (1875-1961)

Un livre référence

Du bonheur, un voyage philosophique – Frédéric Lenoir – Réflexions sur la sagesse et l’art de vivre